le projet bienveillant de dieu
ZOOM SUR HYMNE DE L’ÉGLISE
25/04/25 - Fiona Price
L’essor de l’individualisme dans les pays occidentaux au cours du dernier siècle est indéniable. L’individu devient progressivement la valeur centrale au sein de nos sociétés, et dans beaucoup de domaines la conscience personnelle remplace la conscience collective. Certains décrient cette évolution, craignant qu’elle mette à mal la démocratie, la cohésion sociale, et même le bien-être psychologique. D’autres la considèrent comme une émancipation, une libération de normes qui étaient imposées sur nous par d’autres. Les chrétiens et les églises sont également impactés par cette tendance dans leurs modes de fonctionnement, dans les paroles de nos chants et même dans notre conception du salut et du projet de Dieu. Il est donc vital de poser la question : comment le Seigneur nous voit-il ? Et comment la Bible éclaire-t-elle cette tension entre l’individuel et le collectif ?
La Bible utilise certainement un langage individuel pour décrire les chrétiens et leur salut : Jésus accordera la vie éternelle à « quiconque croit en lui » (Jean 3,16), et « ne mettra pas dehors celui » qui vient à lui (Jean 6,37). Il appelle chacun à se repentir (Marc 1,15). On le voit interpeler de manière très intime des individus : la femme samaritaine, l’homme paralysé, Pierre, Marie et sa sœur Marthe… Il les voit et les connaît parfaitement dans toutes leurs pensées, leurs aspirations et leurs craintes. C’est merveilleux de penser que notre Seigneur nous aime et nous sauve personnellement, et nous devrions nous réjouir pleinement de cela !
Et pourtant, le projet de Dieu n’est pas de sauver des personnes éparpillées et déconnectées les unes des autres. Sa « volonté » et le « projet bienveillant qu'il avait formé en Christ » de toute éternité est justement de « tout réunir sous l’autorité du Messie » (Ep 1.9-10). C’est pour cela qu’il s’est acquis un peuple par son sang ; nous sommes son troupeau et son église (Ac 20.28). La Bible utilise énormément de termes collectifs pour nous décrire dans notre relation avec le Seigneur, et cette collectivité fait partie intégrante de notre identité chrétienne.
Alors que le salut que j’ai obtenu en Christ me touche souvent profondément, j’ai remarqué il y a quelques années que cette vision de l’Église qui enflamme tant le cœur de Dieu ne me prend pas autant aux tripes. Ma vision du monde est encore souvent trop étroite, voire trop centrée sur moi. Pourtant, si je veux honorer mon Sauveur et être conformé à son image, je dois aspirer à voir le monde comme il le voit et à aimer ce qu’il aime. Ce sont ces réflexions qui nous ont inspirés à composer le chant « Hymne de l'Église ».
UN APERÇU DU CHANT « HYMNE DE L’ÉGLISE »
Le texte est tiré de l’épître aux Ephésiens, puisque dans ces quelques chapitres l’apôtre Paul utilise de nombreuses images pour décrire le projet de Dieu pour son Église. Celles-ci sont reprises dans chacune des strophes. L’amour de Christ pour son peuple dans sa collectivité est étonnamment décrit en termes tendres et intimes : elle est sa mariée, chérie et soignée (Ep 5 ; strophe 1). Elle est aussi son œuvre : un édifice soudé et construit avec soin pour être le temple de son Esprit (Ep 2 ; strophe 2). Elle est son corps : coordonné et solidement uni, auquel il donne toute sa croissance (Ep 4 ; strophe 4).
Dans son épître, Paul attire aussi à de nombreuses reprises l’attention sur ce qu’il veut pour ses lecteurs. Son désir, évident dans sa prière (Ep 1.15-19), est justement que notre vision, souvent trop étroite, puisse cerner pleinement ce beau projet de Dieu dans lequel il nous a inclus. C’est pour incliner nos cœurs à l’émerveillement devant ces vérités que nous commençons chaque strophe par une question.
Enfin, Paul veut qu’en considérant ces choses, nous puissions aussi « comprendre avec tous les saints » l’immensité de l’amour de Christ pour toute son Église (Ep 3.14-19). Notre espoir pour ce chant est qu’en méditant les actions de Dieu envers son peuple dans les strophes, nous serons poussés à célébrer sa gloire (Ep 1.12 et 14) et celle de sa grâce (Ep 1.6), en déclarant de tout cœur dans le refrain : « Quel amour si profond ! Non, rien ne le surpasse. »
COMMENT UTILISER « HYMNE DE L’ÉGLISE » DANS NOS RASSEMBLEMENTS
Vu son contenu riche, ce chant peut être utilisé en lien avec divers thèmes. Il a déjà été chanté lors de mariages puisque c’est l’amour du Christ pour son Église qui nous sert de modèle pour nos relations humaines. On pourrait le chanter en réponse à une prédication sur l’amour fraternel ou sur l’unité de l’Église, puisque l’affection de Christ pour son peuple devrait attiser la nôtre. Il permet aussi de méditer ensemble l’immensité de l’amour de Dieu envers nous !
Cependant, le chant conviendrait aussi en entame de culte, pour nous rappeler notre identité collective. Nous ferions bien de prendre conscience lorsque nous nous réunissons dans l’église locale que nous sommes une manifestation visible de « la sagesse infiniment variée de Dieu », non seulement pour ce monde, mais devant les autorités et dominations dans les lieux célestes (Ep 3.10). Nous démontrons maintenant et pour toujours « l’infinie richesse de sa grâce », à la gloire de notre Père. Amen !
Cet article fait partie d’une série : Zoom sur Contemplez Christ.